Un esprit sain dans un corps confiné

2020 aura été une année particulièrement stressante qui nous aura tous éprouvé à notre façon. Aujourd’hui on vous invite à une thérapie de groupe entre amis où on fait le point sur ce que 2020 nous aura fait vivre, sur la manière dont on y aura répondu.

Depuis mars 2020, le monde entier est en branle-bas de combat. Il y a eu d’abord l’éclatement de la crise COVID19, avec le déferlement de nouvelles anxiogènes sur les réseaux sociaux et les chaînes d’informations. Ça parlait chiffres qui grimpent et contaminations en rafale au sujet d’un virus inconnu, mal compris et visiblement très dangereux. Puis, en France et dans près de 80 pays dans le monde, ça a été le tour du confinement, expérience inédite s’il en est. Il a fallu apprendre à vivre chez soi, revoir son quotidien et affronter de profonds changements. Télétravail pour certains, chômage partiel pour d’autres et pour beaucoup, incertitude générale. Depuis quelques mois, il faut constamment se réajuster à un monde nouveau fait de multiples gestes barrières et mesures sanitaires. Et, au milieu de tout ça, continuer d’avancer. Depuis mars 2020, c’est comme si on vivait à l’échelle planétaire une sorte d’expérience sociale qui nous questionne plus largement sur notre gestion du stress. Comment développer une résilience face à tous les stimulis autour de nous ?

Le stress, le coyote et la maman ourse 

Réfléchir à l’ampleur de la situation, lire les nouvelles et l’évolution de la pandémie, être directement affecté par la maladie ou le deuil, le tout dans un cadre de vie soumis à de constants changements : en voilà des facteurs de stress !

Or, le stress est d’abord supposé être un outil pour nous permettre de réagir dans des situations de danger. C’est cette réaction naturelle qui nous pousse, par exemple, à courir au loin face à une maman ours en colère…

Face à la nécessité de fuir, le corps réagit instinctivement et envoie au cerveau des signaux clairs qui mobilisent le corps, accélèrent le cœur et mettent les jambes en mouvement. En cela, le stress est une réaction de survie. D’ailleurs, ce stress nous donne aussi les moyens de sortir de cette situation d’angoisse : en effet, le fait même de courir devant l’animal énervé permet naturellement de se décharger de la tension. Bien vécu, le stress est un outil.

Mais en même temps, on le sait, le stress est aussi une importante cause de dépressions, de burnout et de maladies mentales. C’est le mal de notre siècle, aggravé par le rythme effréné de l’ultramodernité ultraconnectée et de la course à la productivité.

Et en plus, si le remède consiste à s’extirper d’une situation de stress, comment faire quand on est en confinement ? quand on n’a pas le contrôle de nos mouvements ? ni le contrôle d’une situation nous échappe complètement ?

Léa nous partage son témoignage

« Après un mois et demi de confinement, que j’ai vécu toute seule chez moi dans mon petit studio, j’ai commencé à avoir une douleur au cœur. Je suis en bonne santé physique et mentale, et c’était la première fois que je ressentais ce genre de sensation. Un peu inquiète par ce problème au cœur et afin d’être rassurée, je suis allée à l’hôpital pour subir une batterie de tests. Tout est sorti négatif : je n’avais rien. Rien, sauf que la douleur était bien réelle et qu’elle persistait. Et effectivement, après un mois et demi de confinement et dans cette réalité compliquée, mon coeur se serrait. C’était la manifestation physique d’un stress psychique et émotionnel. » Et c’est peut-être ça, la différence entre le coyote qui décampe devant une maman ourse, et l’être humain. L’être humain réagit au stress qui vient de l’extérieur, mais aussi celui qui vient de l’intérieur : le stress généré par les pensées, les émotions, la psyché. Et quand notre psyché est stressée, où va-t-on puiser ?

L’impact de la foi

Comme le dit la formule tonitruante de Karl Marx, « La religion est l’opium du peuple ». Pourquoi, alors, serait-ce là que devraient aller puiser les gens à la psyché fatiguée ? Dans la religion, ou la spiritualité, ou la foi ? Marx, comme peut-être vous qui lisez ces lignes, voyait cela comme une tentative de se rassurer quand tout va mal. Il faut faire appel à une puissance supérieure pour fuir les difficultés de la réalité, notamment quand la Maman Ourse s’abat sur nous en forme de covid-19. Mais à tous, quelles que soient nos croyances ou notre vision du monde, la question est posée : à quoi servent nos convictions quand tout ce qui est autour de soi s’écroule ? Et sont-elles suffisamment solides pour supporter notre stress ?

« Qui d’entre vous parvient, par ses soucis, à prolonger un peu la durée de sa vie ? »

Ça, c’est la formule tonitruante de Jésus dans son célèbre enseignement appelé le Sermon sur la Montagne. Le fondateur du christianisme s’adresse à la foule de ses auditeurs, rassemblée sur une montagne, et les invite à réévaluer leur stress. Ce n’est pas votre stress, votre volonté de contrôle, votre désir de tout maîtriser qui va venir changer les circonstances ! Jésus ne vient pas là prodiguer de l’opium mais nous mettre face à notre vision du monde.

Dans l’ordre cosmique des choses, certaines nous dépassent (et le moins que l’on puisse dire, c’est que le coronavirus nous le rappelle !).

Mon stress vient-il révéler une tendance, un peu à la Bruce tout-puissant, à vouloir prendre la place de Dieu ? Et dans mes efforts pour gérer le stress, c’est encore et toujours moi aux commandes… Peut-être y a-t-il une sagesse à puiser dans un certain décentrement, dans lequel l’effort de la confiance vient justement redonner les commandes à celui qui peut, vraiment, changer les circonstances ?

Et vous, comment faites-vous face au stress ?


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