Le travail vous parle encore. Écoutez-le !

Quel est le but du travail ?

Il est possible d’échapper à la course effrénée de la vie professionnelle qui nous rend sourd. Si nous ralentissons, nous pouvons commencer à entendre que le travail peut nous parler, avoir quelque chose à nous dire.

Après l’avoir écouté à propos de la justice, de la diversité et du respect, nous tendons maintenant l’oreille pour recueillir sa parole concernant nos erreurs, nos soucis, mais encore le repos, l’optimisme, la persévérance,…


Les erreurs du potier

Quel est le but du travail ? Une question qui continue de résonner et de nous perturber.

“Lève-toi, et descends dans la maison du potier; là, je te ferai entendre mes paroles. Je descendis dans la maison du potier, et voici, il travaillait sur un tour. Le vase qu’il faisait ne réussit pas, comme il arrive à l’argile dans la main du potier; il en refit un autre vase, tel qu’il trouva bon de le faire.” [1]

Jérémie apprend de la part de celui qui l’envoie que c’est en allant observer le travail du potier qu’il recevra une parole à entendre. Le travail du potier est l’élément déclencheur de la parole, il parle de lui-même. Mais cela implique une disposition à observer, à réfléchir, une habitude de pensée qui regarde avec attention et qui s’attend à recevoir. Et qui, pour cela, prend le temps. Un défi à relever dans notre monde accéléré !

Qu’est-ce que Jérémie était appelé à observer ? “Le vase qu’il faisait ne réussit pas, comme il arrive à l’argile dans la main du potier” Le potier s’est planté ! Le vase est parti de travers et tout est à recommencer ! Jérémie est venu observer le potier commettre une erreur. Mais c’est justement l’erreur du potier et sa réaction qui sont l’expérience que Jérémie fait du travail du potier. Et il entend la parole de celui qui l’envoie sur la base de cette erreur du potier.

Il faut que cela nous parle! L’erreur professionnelle du potier parle à Jérémie.

Nous envions parfois la culture professionnelle des Américains qui intègrent les erreurs dans leur marche, qu’ils les considèrent comme des expériences positives. Ils ont raison ! Le potier “en refit un vase, tel qu’il trouva bon de le faire.” Cette seconde fois tout marche bien et il est satisfait. Ce qui, soit dit en passant, nous dit que le travail bien fait est une des sources de notre contentement…

En résumé, le travail nous dit qu’il est possible de commettre des erreurs et que celles-ci ne sont pas une fin en soi. La seconde fois sera la bonne !

La préparation du boulanger

« Ils sont tous adultères, semblables à un four chauffé par le boulanger: il cesse d’attiser le feu depuis qu’il a pétri la pâte jusqu’à ce qu’elle soit levée. (…) Ils appliquent aux embûches leur coeur pareil à un four; toute la nuit dort leur boulanger, et au matin le four brûle comme un feu embrasé. » [2]

Dans ce nouveau texte nous sommes dans le palais royal, là où travaillaient les boulangers dans le Proche Orient Ancien [3]. Osée utilise le travail du boulanger du palais pour reprendre l’attitude des courtisans. Nous sommes avec ce que l’on appelle un oracle de jugement, une sorte de procès. Les courtisans peuvent chercher à plaider non-coupables, dire qu’ils ont céder à un emportement soudain du cœur, mais le prophète coupe court: ils se sont comportés dans leur attitude et dans leur cœur comme des boulangers avec un four. Le travail du boulanger est donc la substance de la plaidoirie contre les courtisans.

Que dit cette plaidoirie ? Tout a été planifié, soigneusement préparé et consciencieusement accompli. Le boulanger doit préparer sa pâte, la laisser lever, et dès que celle-ci est prête il doit pouvoir l’enfourner dans un four qui est chaud à point, à la bonne température. Pas de place pour le hasard et l’à-peu-près. Proportion des ingrédients, pétrissage, temps de levée, préparation du feu, mise en température du four, tout est affaire de maîtrise. Il faut du savoir et du savoir-faire. Nous parlons bien de maître-boulanger ! Or, les courtisans ont été des maîtres-adultères.

Quand tout est bien préparé et sur les rails, se faire du souci n’y ajoute rien, il est possible de se reposer.

La suite nous parle aussi. Que fait le boulanger une fois qu’il sait qu’il a tout bien préparé ? Il va dormir ! Nous pouvons imaginer le four mis en route le soir avec suffisamment de bois pour alimenter le feu toute la nuit, sans risque que la température ne baisse. Pendant ce temps-là, la pâte continue de lever. Au petit matin, le boulanger trouve son four à la bonne température, sa pâte levée et il est prêt à faire ses premiers pains après une nuit de repos.

Le travail est une affaire de compétence, de maîtrise, de planification, de préparation et de soin. Mais une fois que tout cela est fait, le travail doit céder la place au repos.

La consécration de l’athlète

« Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans le stade courent tous, mais qu’un seul remporte le prix? Courez de manière à le remporter. Tous ceux qui combattent s’imposent toute espèce d’abstinences, et ils le font pour obtenir une couronne corruptible; mais nous, faisons-le pour une couronne incorruptible. » [4]

Difficile de ne pas terminer ce temps d’écoute en passant par la profession de l’athlète alors que notre actualité nationale s’affaire régulièrement autour des Jeux Olympiques à venir !

Que dit la vie professionnelle sportive? D’abord que tout le monde court, mais qu’un seul remporte le prix. Il faut faire le nécessaire pour être cette personne. Cela nous parle de force de caractère, de persévérance, d’optimisme et de résilience. Et si nous ne sommes pas cette personne cette fois, pourquoi pas la suivante ? Il faut savoir passer au-dessus des épreuves et parvenir à gérer ses émotions. Il faut aussi savoir être lucide. Peut-être que nous nous sommes confrontés à plus forts que nous et que la victoire est de toute façon hors de portée. Peut-être aussi qu’il nous manque certaines qualités et que nous devons analyser ce qui est à faire pour trouver à progresser et trouver ou créer de nouvelles pistes d’amélioration.

La vie professionnelle sportive parle aussi un vocabulaire que nous avons bien du mal à entendre par ailleurs: abstinence. Le mot fait peur alors nous allons prendre quelques synonymes plus audibles : sobriété, tempérance, rigueur.

Le sportif professionnel sera ponctuel dans ses entraînements, rigoureux dans son programme d’exercices, sobre dans son régime alimentaire, tempéré dans son rythme de vie pour être toujours au meilleur de sa forme. Autant que le résultat sportif, ce style de vie force souvent l’admiration et gagne le respect. Nous donnons déjà bien volontiers la couronne de la consécration et du mérite même si le stade ou le terrain ne donne pas celle de la victoire.

Le travail peut nous parler de force de caractère, de persévérance, d’optimisme et de résilience. Il nous parle aussi de sobriété, de tempérance et de rigueur.

Commencez-vous à entendre ?

Vous comprenez par vous-même qu’il est possible d’écouter le travail nous parler.
Sa voix ne porte pas beaucoup. Nous ne sommes pas habitués à cet exercice, certaines professions sont devenues muettes ou notre attention est facilement distraite.
Il a pourtant bien des choses à nous dire ! Nous ne pouvons que gagner d’apprendre à nous mettre à portée de sa voix, dans ce qu’il disait déjà hier ou dans ce qu’il dit aujourd’hui.

Lire le premier article

[1] La Bible, livre de Jérémie, chapitre 18, versets 2 à 4

[2] La Bible, livre d’Osée, chapitre 7, versets 4 à 6

[3] La Bible, livre de la Genèse, chapitres 40 et 41, premier livre de Samuel, chapitre 8, verset 13

[4] La Bible, première lettre de äul aux Corinthiens, chapitre 9, versets 24 à 25

Olivier-Barrucand

Rédacteur

Olivier Barrucand

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Yoan Michel

Contributeur

Yoan Michel

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