L’émerveillement, accélérateur de bonheur

Coincée dans une chambre d’hôpital, j’aurais pu rêver mieux à la veille de mes 33 ans. J’y ai pourtant vécu l’aube d’une réconciliation intérieure liée à une réorientation de mon regard qui allait modifier le cours de mon histoire.

Dans ma lecture de De chair et d’âme de Boris Cyrulnik, j’ai noté récemment que « La neurologie nous suggère que c’est souvent notre manière de percevoir le monde qui nous donne un goût de bonheur ou de malheur. »

Et si la modification de notre perception du monde pouvait augmenter notre appréciation du bonheur ? Je vous partage ici mon expérience.

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« J’ai mal, mais je ne suis pas malheureuse »

En 2013, ravie par l’arrivée de notre seconde fille, j’avais pourtant commencé à perdre ma joie peu après sa naissance. Ni baby blues, ni dépression, mais un fond d’insatisfaction qui s’installait et gagnait du terrain. Mes douleurs dorsales avaient-elles induit une baisse de moral ou l’inverse ? J’avais pourtant tout pour être heureuse : un sens à ma vie, un mari aimant et deux merveilleuses filles en bonne santé. Au lieu de me réjouir de ce que j’avais, je regardais ce que je n’avais pas.

Paradoxalement, mon séjour à l’hôpital m’a fait le plus grand bien. J’ai bénéficié d’une chambre seule, une bulle de quiétude favorable au ressourcement. Ayant du mal à m’arrêter, j’avais enfin du temps pour me reposer, lire, méditer et prendre soin de moi. Ce temps fût pour moi propice à des leçons de vie.

Leçon 1. Être reconnaissante pour les soins prodigués avec attention et gentillesse par le personnel hospitalier fût un premier pas vers le mieux-être.

Leçon 2. La lecture et le repos comme source de dilatation intérieure. Mon espace de vie réduit m’a ouvert un espace intérieur insoupçonné. Le moment pour moi d’ouvrir l’un des livres qui m’attendait dans ma bibliothèque depuis plusieurs années. Cet ouvrage rédigé par un scientifique invite à l’émerveillement en révélant l’infiniment grand dans l’infiniment petit qui nous constitue. Licenciée de biochimie, je suis toujours aussi stupéfaite de relire que mon corps est composé de quelques 30 000 milliards de cellules1 et qu’en les mettant bout à bout on pourrait faire quinze fois le tour de l’Equateur2 ! De la même manière, nous pourrions aller jusqu’à la Lune avec les presque 100 milliards de neurones présents dans notre cerveau3 ! Vertigineux !

Leçon 3. Se réjouir de ce qui va bien. J’ai aussi appris à me réjouir du bon fonctionnement des parties non douloureuses de mon corps. J’avais mal au dos, certes, mais je n’avais ni mal au ventre, ni à la tête. Je pouvais continuer à me réjouir de ce que mon corps me permettait de voir, goûter, sentir, entendre et toucher.

Leçon 4. Être entourée. Chaque visite de ma famille et de mes amis a été pour moi source de joie. Mon mari, mes parents et beaux-parents avaient réussi à s’organiser pour pallier mon absence et amener les filles presque tous les jours.

Leçon 5. S’émerveiller de la vie qui grandit autour de nous. Prendre le temps de regarder mes enfants grandir a été et est toujours une source de joie intarissable. Rien que leur développement physique, psychologique et linguistique révèlent une démultiplication permanente de cellules nerveuses, osseuses, musculaires .

“Le corps déchiffré”, un reportage ARTE, parle de 300 000 nouvelles cellules par minute chez un adulte. Dans un petit corps d’enfant, imaginez la vie qui se déploie constamment !

Leçon 6. La perspective de l’éternité. Je me souviens enfin d’une conversation que j’ai eu avec un patient hospitalisé. Pour sortir de la plainte, je lui partageais ma perspective de l’éternité. Celle de l’espérance qu’un jour il n’y aura plus de larmes ni de douleurs. Toutes les choses brisées seront restaurées Nos corps, nos relations avec les autres, avec nous-mêmes, avec la nature et avec le créateur, tout sera renouvelé.

Petit à petit, ma douleur bien que présente devenait supportable dans cette perspective de félicité éternelle.

«L’espérance trace au bout du chemin un horizon de lumière. » Charles Nicolas

Peu après ma sortie de l’hôpital, les douleurs n’ayant pas totalement disparues, j’ai bénéficié de séances de kinésithérapie. Voyant mon corps encore crispé par la douleur, le kiné m’accueille un jour avec cette phrase : « Vous êtes bien malheureuse ». « J’ai mal, mais je ne suis pas malheureuse » fût ma réponse spontanée.

Effectivement ces mois de douleur physique m’avaient, dans un premier temps, poussé à regarder à mon malheur, à mes douleurs et à ce que je n’avais pas. Puis, dans un élan de vie, j’ai choisi d’orienter mon regard vers le haut, vers le ciel.

Et vous, vers quoi votre regard porte-t-il son attention ?


L’émerveillement, un regard intentionnel

« Le bonheur ne dépend pas des circonstances. » c’est la conclusion d’une fameuse étude menée par Pr Daniel Todd Gilbert, professeur de psychologie à Harvard. Cette étude révèle que le niveau de bonheur d’un individu qui connaît un événement merveilleux (gagner au loto) ou catastrophique (devenir paraplégique) retrouve son niveau initial un an après l’événement. Les circonstances extérieures n’ont finalement qu’une faible influence dans notre perception du bonheur. Cette conclusion rejoint celle de Boris Cyrulnik : « La neurologie nous suggère que c’est souvent notre manière de percevoir le monde qui nous donne un goût de bonheur ou de malheur. »

Mais alors vers quoi, ou vers qui, orienter mon regard pour donner à ma vie un goût de bonheur ?

David, un poète de l’antiquité partage son secret du bonheur, dans le Psaume 34 verset 7 :

« Ceux qui tournent leurs regards vers Dieu sont rayonnants de joie. »

C’était la clé d’un cours de relation d’aide que j’avais suivie plusieurs années auparavant, mais que j’avais oublié de mettre en application. Pendant quelques mois, mon regard s’était enroulé sur moi-même. J’avais oublié de sortir la tête du guidon et de lever les yeux vers le ciel. Un peu comme un escargot qui s’autodétruit en restant toujours dans sa coquille plutôt que de sortir chercher l’herbe fraîche. La solution était à ma portée, il me suffisait de regarder les circonstances de ma vie avec un nouveau regard et ne pas oublier cette perspective de l’éternité, qui pouvait agir comme un rempart contre toute épreuve.

Sans naïveté, je veux choisir de porter mon regard vers le beau, le bon, le bien. En exprimant ma reconnaissance à celui que je crois être la source ultime de toute vie, cela produit en moi une joie qui, je l’espère, se communique à ceux que je côtoie.

Et vous, sur quoi choisissez-vous de porter votre regard ?


1https://www.futura-sciences.com/sante/questions-reponses/corps-humain-y-t-il-cellules-corps-humain-7485/

2https://forums.futura-sciences.com/biologie/194023-taille-dune-cellule.html

3Détail du calcul : 3.1013 cellules x 20.10-6 mètres = 60.107 mètres = 600 000 km. Puis, 600 000 km ÷ 40 000 km = 15

Marie Salomé

Rédacteur

Marie Salomé Le Guehennec

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